Salvatore D’Onofrio, Les Fluides d’Aristote. Lait, sang et sperme dans l’Italie du Sud, Paris, Les belles lettres, 2014.
ISBN 978-2-251-38567-9, 192 pp., 23,50 euro
Le lait, le sang et le sperme maintiennent et reproduisent la vie, mais sont aussi les substances que toutes les cultures humaines manipulent, du point de vue symbolique, pour affirmer la domination masculine. Du lait d’épaule au lait de coeur, du miracle du sang de saint Janvier de Naples à la consommation des « os de morts » sous forme de biscuits en Sicile, de l’attribution des « cornes » aux époux trompés, au versement de sang des Vattienti de Calabre en l’honneur de la Vierge pendant la semaine sainte, ce livre aide à comprendre le rôle des fluides du corps dans les mythes, les croyances et les rites du Sud de l’Italie. Deux raisons justifient le titre, Les fluides d’Aristote : les représentations du lait, du sang et du sperme ont été étudiées dans une aire culturelle homogène comprenant autrefois la Grande-Grèce, et elles relèvent en partie du système des fluides établi par le philosophe grec dans son œuvre De la génération des animaux. Elles nous permettent également de remonter jusqu’à l’Égypte ancienne ou à la Mésopotamie. Un flux coule ininterrompu depuis des millénaires dans les veines des cultures méditerranéennes puis européennes en s’adaptant aux changements de toutes sortes : économiques, sociaux et religieux. Ce livre permettra au lecteur d’avoir une vue d’ensemble sur un phénomène complexe dont les traits particuliers se lient à des évidences élémentaires – donc universelles – de la culture humaine.