Le plaisir des formes dans la littérature espagnole du Moyen Âge et du Siècle d’Or / El placer de las formas en la literatura medieval y del Siglo de Oro, a cura di Mónica Güell e Marie-Françoise Déodat-Kessedjian, Toulouse, CNRS – Université de Toulouse-Le Mirail, 2008 («Méridiennes»)
ISBN 2-912025-45-1, 298 pp., 25,00 euro.
Le présent volume est le résultat de deux rencontres scientifiques du groupe LEMSO (équipe 7 de FRAMESPA – UMR 5136 du CNRS –, dans son Atelier 2, « L’origine »), qui se sont tenues à l’Université de Toulouse II-Le Mirail. La première journée d’étude, à vocation internationale, a réuni, le 23 octobre 2006, des chercheurs de l’équipe et des chercheurs d’Espagne, des Universités de Cordoue et de Madrid, sur Le plaisir des formes dans la littérature espagnole du XVe au XVIIe siècle. La seconde, qui a ouvert son champ d’étude au Moyen-Âge, s’est déroulée le 22 octobre 2007, réunissant des chercheurs de l’Université de Toulouse-Le Mirail, Pau, Poitiers, Caen et Paris III-Sorbonne Nouvelle. Nous avons eu le plaisir d’accueillir nos étudiants de Master et nos doctorants qui ont assisté, pour certains, à leur première journée d’étude. Osons espérer que cette expérience pourrait susciter en eux les prémices d’une vocation de chercheurs. Les dix-sept études ici réunies offrent le fruit de ces deux rencontres riches d’enseignements.
À l’origine des pratiques textuelles ou paratextuelles, est-il besoin de rappeler la place, l’importance et la signification des formes qui donnent naissance au texte, au recueil ou au livre ? Les formes dans le champ littéraire, dans la poésie, dans le théâtre, dans le roman ou la nouvelle ou dans des oeuvres hybrides et inclassables qui brisent les moules génériques et formels traditionnels – comme en atteste aujourd’hui l’appellation « multiroman » dans un récent ouvrage de Jacques Roubaud (2006) – sont intrinsèquement mobiles, à l’instar des mobiles de Calder ou des formes des nuages, si variées et si complexes. Force est de constater que les formes et les analyses textuelles sur des critères formels n’ont pas toujours eu la faveur des chercheurs : peut-être certains excès langagiers formalistes ou une langue figée ont-ils contribué à un certain oubli, voire à une certaine dévalorisation des études formelles. Peu importe. Produisant un indéniable plaisir esthétique, les formes poétiques, les mètres et les rimes passionnaient les poètes et les métriciens de la Renaissance et du Siècle d’Or, tout comme leurs lecteurs contemporains, avides d’expérimentations nouvelles. Elles passionnent toujours les lecteurs du XXIe siècle, bien que les canons esthétiques des oeuvres lyriques et théâtrales ne soient plus les mêmes. Il nous a donc semblé approprié et justifié, au sein de l’atelier « L’origine », de tenter de cerner au plus près les formes en littérature et leurs mystères dans leur trajectoire existentielle.