Une légende de saint Dominique en moyen français. Etude du texte accompagnée de son édition critique, avec notes, glossaire et index des noms propres, par Piotr Tylus, Collectio Fibulæ, Cracovie 2012 (Fibula 4).
ISBN 978-83-62705-03-0, 514 pp.
Le manuscrit qui constitue l’objet de cet ouvrage est un manuscrit de la Bibliothèque Nationale de France : fr. 24949 – témoin unique d’une légende de saint Dominique, fondateur de l’Ordre des Prêcheurs, composée à la fin du XVe siècle en un très beau français, par un auteur dominicain anonyme, originaire du Nord de la France. L’exécution du manuscrit suivit de près la composition du texte. Le seul exemplaire qui transmet celui-ci, à l’heure actuelle, est en bien mauvais état : environ un quart de ce codex fut abîmé par un rongeur, et une tranche du texte est perdue pour toujours. Pourtant il en reste beaucoup : l’édition critique qui accompagne cette étude comprend 240 pages. Ce fut un exemplaire très beau, on devine sa beauté originelle, car il en conserve encore. Le texte fut mal identifié par la critique qui le considérait comme traduction de l’ouvrage latin de Thierry d’Apolda. En fait, on y trouve une compilation de sources latines diverses, relatives à la vie de saint Dominique, pourtant il ne s’agit pas seulement de celles-ci mais des sources de toute sorte : la Bible, les auteurs antiques, les Pères de l’Eglise, les savants et théologiens du Moyen Age, auteurs des textes juridiques, etc. Or le texte fut conçu dans un esprit encyclopédique, malgré la décadence de ce courant à la période de sa composition (par rapport à son âge d’or : le XIIIe siècle ou bien plutôt « le long XIIIe siècle »). Il fut destiné à la formation des novices parmi les moniales dominicaines, on a donc ici une « somme du savoir » pour un milieu monacal et proprement féminin. C’est peut-être à cause de son mauvais état matériel qu’il n’a pas éveillé l’attention des chercheurs ; faussement identifié, il est demeuré « intact » à la Bibliothèque Nationale à Paris, au cœur de la médiévistique française, bien que ce soit un ouvrage très important pour l’histoire de la littérature française, un chef-d’œuvre de l’hagiographie dominicaine, mais aussi celui des lettres françaises en général, un vrai bijou, ni traduction, ni adaptation, mais un texte proprement français : compilation de sources nombreuses avec une part originale de l’Auteur français, qui est une part considérable.